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Minus Delta t

Définir Minus Delta t n´est pas aisé. Un groupe de performance Nous en avions entendu parlé par Mike Hentz, nous les rencontrâmes au festival Mixage de Rotterdam. Un autre groupe, Bernard Müller, Karel Dudesek et Mike Hentz (puis Wolfgang Hofmmann), avec d´autres codes que les nôtres, une autre problématique, un groupe sans lieu fixe, avec un back-ground et des buts plus “conceptualisés” mais un lots d´intérêts communs. Un accord tacite se constitua, Hentz deviendrait membre du Frigo et Couty de Minus Delta t. Une longue, fructueuse mais difficile et chaotique collaboration s´instaura…
Minus Delta t. amena au Frigo sa mobilité et son savoir-faire en performances. Frigo donna à Minus Delta T. un peu de respectabilité et une forme un peu plus explicite.
Minus Delta t était un groupe de performance, habitué à la scène allemande, ils nous apparurent comme les plus extrêmes que nous avions rencontré, un vrai cas, seul contre tous… mais avec cette chose inestimable à nos yeux, il pratiquaient leurs propre philosophie, tout comme Frigo essayait de faire…. et ils étaient mieux “armés” philosophiquement parlant. Nous, sortant du désert français des ´80, nous étions vraiment stupides, sans cervelle, juste le “vouloir”… nous avons beaucoup appris, malgré les dangers.
La première rencontre, celle de Rotterdam se termina, pour Couty, au commissariat de police, menottes aux mains, délivré par Chuzeville et Bourgey… Une excellente introduction au terrorisme culturel pratiqué par Minus Delta T: ne jamais être là ou les gens voudraient que l´on soit.

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Bangkok-projet

Minus Delta t avait comme concept le “Bangkok-Projekt”, le transport d´une grosse pierre de granit bleu (5500 kilos), choisie dans la carrière de Stonhenge en Grande-Bretagne. Cette pierre devait symboliser, de façon neutre et abstraite, la culture européenne. Nous avions bricolé un vieux camion avec l´argent que nous avions trouvé (nous vendions 4000 actions, représentant soit quelques kilomètres du voyage ou quelques kilogrammes de la pierre), aménageant un espace studio autonome, une remorque pour la pierre et en route l´aventure.
D´abord à travers l´Europe, histoire de trouver des sponsors et de faire de la propagande sur le projet, puis la Turquie, le Liban en guerre, l´Iran juste après l´arrivée de Komeiny et enfin les Indes où la pierre est encore (à New Delhi). Nous ne voulions pas faire du tourisme mais de l´art. Ce voyage, qui devait durer 3 années, devait nous apprendre à voir d´autres cultures et de nous débarrasser de notre arrogance de nantis.
Frigo s´engagea dans le “Bangkok-projet”, nous participâmes (Couty et Vander) au festival du “Biriashi Museum”, organisâmes des conférences de presse au Frigo, Christine Carrié via radio Bellevue donnait des nouvelles régulières… Nous nous échangeâmes nos topics, travaillâmes sur les mêmes thèmes, nous créâmes le Ponton ensemble…

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Ponton Mobil Art project

Nous rêvions d´un Frigo mobile, une sorte de gros rack que nous pourrions transporter facilement; il suffirait de le brancher sur le power et hop, ça marche…
Ponton devait être ce rack là.
Nous étions à Linz en Autriche, la ville d´Adolfchen, au bord du Danube, invité entant que Minus Delta T et Frigo-Code Public, pour un spectacle au Brüchnerhaus, l´Opéra-Mort, pendant l´Ars Electronica 1986. Nous avions monté notre cirque ambulant dans des containers industriels blancs, une container-city comme nous disions justement. Nous nous étions inspiré, pour la forme, des messas indiennes navajos ou hoppies. ces villages où les maisons sont indépendantes mais l´une sur l´autre.
Il y avait 6 containers, un pour la radio, un pour les computers (c´était nouveau pour nous, nous les utilisions encore juste comme des machines à écrire perfectionnées (chat-line). Un container pour le matériel et pour les répétions de l´opéra, un pour le bar et la cantine et un pour dormir à tour de rôle (gardiennage). Nous avions monter un stage à l´extérieur, dans le parc du Brüchnerhaus.
Au Brüchnerhaus, nous avions fait une installation et nous y jouâmes Opera-Death pour cause de pluie à l´extérieur.
C´était, en plus abouti formellement, une reprise de nos “Studies on Moral” de la Villette, le rêve parfait d´un espace multimédia mobile, nous le nommâmes: Ponton Mobil (Media) Art Project, en espérant ainsi, pouvoir le reproduire plus aisément…
Puis nous achetâmes un (très) vieux bus, aménagé pour recevoir du public, nous l´installâmes à Kassel pour la documenta 8 où nous étions invités pour des performances. Le bus servait de lieu de rencontre mais parallèlement, nous faisions la “culture-police”, arrêtant pêle-mêle, le Président de la république d´Allemagne, Nam Jun Paik et bien d´autres malheureux, bien embarrassés par les menottes que nous leurs laissions en prime et aux poignets…
Nous fîmes aussi une radio “pirate”, mobilisant ainsi les voitures goniot des Deutch Telekom.

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Piazza Virtuale

Chaque époque rêve la suivante. Nous avions rêvé la révolution digitale et la Piazza fût notre première (vraie) expérience “concrète” avec les nouvelles prothèses électroniques que Big Brother venait juste de sortir de son panier.
Mais il les avait sorti en vrac et certainement pas pour l´usage que nous voulions en faire. A nous d´inventer et de construire les interfaces pour rendre le tout interactif (mot qui n´avait encore qu´un vague sens).
Si Ponton était un gros rack, la Piazza fût un énorme interface (bricolé).T
Toujours dans notre recherche d´un public “actif”, nous imaginâmes une télévision où le téléspectateur (nous sommes en 1990) pourrait inter-agir sur le déroulement du programme. Une “agora cathodique”, un lieu de rencontre, un salon.
Nous bricolâmes donc des interfaces permettant au spectateur, de servir de son clavier de téléphone comme un remote-control. Il avait accès en temps réel à divers programmes interactifs (Robot camera, Atelier, the Market, etc). En fait, Van Gogh TV était se que l´on voit maintenant sur les web TV mais sans web, vous voyez?

La Piazza Virtuale est l´aboutissement d´une décennie de recherche: un laboratoire mobile dont l´axe de travail est la pratique de la télévision interactive en direct et amenant aux participants (les téléspectateurs) un “savoir-faire” et un matériel technique véritablement “pointu” et “performant” avec l´emploi de liaisons satellites pour un contact direct et interactif entre différentes villes Européennes (Mediacité). La circulation des interfaces au début du troisième millénaire, c´est l´agora cathodique, même support et même technologie pour toute la communication (contenu+relation). Plus de distinction tranchée entre journaux, télévision, téléphone, informatique, travail, etc.
Visualiser le network en utilisant l’écran de télévision ou d´ordinateur comme surface de communication, l´arène où tout ce rencontre, l´interface du Travail et des Loisirs, la Piazza Virtuale, et sur la ”piazza virtuale”, nous rencontrerons le “citoyen terminal”. Ce citoyen terminal bientôt suréquipé de prothèses en tous genres dont le modèle pathologique serait donc cet “handicapé-moteur”, équipé pour contrôler son milieu domestique et communiquer avec l´extérieur, sans se déplacer physiquement, selon Paul Virilio.