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Frigo fût une expérience artistique indépendante des années 80.

Frigo était le nom d’un lieu, une ancienne fromagerie à Lyon (F), le nom d´un “concept” et le nom du groupe vivant en pratiquant ce concept…

Un lieu d’abord, Frigo laboratoire de formes, un espace multimédias avec sa galerie vidéo, son lieu d´expositions et de spectacles, sa radio station, son atelier de création, des résidences d’artistes, de nombreuses collaborations internationales.

Un concept, être “artiste” à plein temps, vivre et travailler dans le même lieu, pas ou peu de différence entre le privé et le public…

Puis un groupe, Bourgey et Couty, puis Mike A. Hentz, Alain Garlan, Charles Picq, Rotraut Pape, Christian Vanderborght, Serge Boissat et tous les autres, une cinquantaine de “sectateurs” recensés de toutes nationalités et de tous sexes…

Frigo avait trois axes principaux de travail:

  • Travail privé, la recherche personnelle.
  • Travail de groupe, la confrontation avec le réel du reflet…
  • Enfin le travail de réseau (networking), l´autre, l´étranger étrange avec son autre culture et sa façon bizarre de penser…

 

Frigo fût un groupe d’individus sous différents masques /

Radio Bellevue la sculpture sonore du Frigo

Frigo – Code Public le groupe pop du Frigo

Europe Copyright la distribution du Frigo

Ponton le projet d’art mobile

Frigo collabora à différents projets ou groupes /

Minus Delta T un groupe de performance

Infermental un magazine vidéo

European Media Art Network un réseau de diffusion

Universcity TV & Piazza Virtuale la télévision interactive

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Faits Divers System

En fait le concept primitif de Frigo se nommait Faits Divers System.

Faits Divers magazine était un magazine artistique underground, réalisé par un “collectif” de “bénévoles” dont nous étions la partie “graphisme”.

La galerie qui abritait “Faits Divers magazine”, allant fermer pour cause de massacre urbain des pentes de la Croix-Rousse, nous déménageâmes dans un autre quartier populaire du centre de Lyon, la Guillotiére. Nous y trouvâmes une ancienne fromagerie avec une immense chambre froide, des bureaux en mezzanine, une grande cave et une petite villa attenante avec son jardin, l´ancienne maison du patron. Nous créâmes “Faits Divers System” de façon très informelle, nous voulions continuer l’expérience du magazine et de la galerie…

L’espace était suffisamment fort pour imposer son propre nom; le Frigo. Nous continuâmes, cependant, à nommer indifféremment le lieu et le concept, FDS ou Frigo.

Faits Divers (FDS) nous permettait une autonomie financière.

FDS évolua, au grès des vents contraires. Ça devint une société de production, aux hasards des circonstances, ce fameux “hasard et la nécessité”.

La principale activité de Faits Divers System était le graphisme pour différentes institutions culturelles; théâtres nationaux, bibliothèque… mais FDS avait aussi une clientèle directement commerciale (Val d´Isère, l’ANVAR, etc.).

Le design, l´architecture, des décors pour les théâtres ou des spectacles (théâtre des robots, TNP, les studios TF1, Télé Lyon Métropole, Bibliobus), était une autre source de finances. La réalisation de films et vidéos, pour la ville de Lyon, l´habillage de chaînes Tv. (KunstKanal, TLM, TF1), nous permettait de rentabiliser notre banc de montage U-matic et de nous essayer à de courtes fictions.

 

Radio Bellevue

Dans la mouvance du temps, avec Radio Bellevue (initiée en 1981 par Jean-Claude Chuzeville), nous avions enfin trouvé notre “haut-parleur”, la machine de propagande dont nous rêvions et que nous appelâmes la “sculpture sonore du Frigo”. Nous avions en mémoire les émissions d’Artaud sur radio-France (ARC).

Encore une fois, se sortir du ghetto culturel, refuser l´élitisme, aller vers les masses par l´entremise des mass-media et puis surtout, pouvoir enfin écouter la musique que nous aimions.

Le 6 juillet 1981, nous émettions du grenier de la villa (que nous avions nommée) Bellevue, notre première émission.

L'émetteur
L’antenne Bellevue

Très vite, Bellevue émit 24 heures d’énergie pure en “live” pour un public d´une vingtaine de milliers d´aficionados… Tout l’underground culturel et musical se rencontrait sur l’agora que fût Radio Bellevue, la radio “libre, rock et kulturel”. Un métissage de tous les genres, supporté par de vrais “hunter´n´collector”, une ambiance de fête permanente, une bioassociation (sciences+art+humour) affective, Radio Bellevue, c’est des centaines rencontres, Serge Boissat avec ses millions de disques introuvables, Olivier Colace avec son style “grand-batârd”, Jacques Bigot et sa valise technique, Marie Girard avec son “désolé isolé”, puis les autres, tous les autres : Robert Lapassade, Marie-Christine Vernay, Ali du Mali, Olivier et Christine Carrié, Marco DSL, Emmanuel de Buretel, Alain Manneval, Rachid Taha, André Serré et Robert Herrero, Françoise Benassi, Yves Legoff, Cyril Deluermoz, Max et Tartine, Agostino et ses news, Jean-Claude et son jazz, Arthur et ses pantoufles, Bébé malsain, Mike et ses visiteurs…

 

Archives

De 1977 à 2001, nous avons constitué un grand nombre d’archives audiovisuelles sur l’art, la danse, la musique de l’époque. Plus de 300 heures de vidéo en U-matic et une importante archive audio avec Radio Bellevue. Ces archives nous semblent uniques et ont été numériser avec l’aide de l’Institut National de l’Audiovisuel Paris (INA), le Centre for Art and Media Karlsruhe (ZKM), the Inter Media Art Institute Düsseldorf (IMAI), mediaartbase, Neuer Berliner Kunstverein and other international foundations and institutions.

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« En 2012, lors d’une présentation à la SCAM, Gilbert Dutertre, responsable des Fonds audiovisuels Culturels Patrimoniaux de l’Institut National de l’Audiovisuel écoute lorsque Anne We lui demande s’il serait intéressé par des centaines d’heures de vidéos de la scène artistique des années 80. L’INA, avait-il expliqué, avait créé un département qui proposait à des artistes de numériser leur travail de ces années là.

Quelques rendez-vous plus tard et avec la complicité des acteurs de l’aventure Frigo Gérard Bourgey et Gérard Couty, nous mettons en place la réalisation de ce projet. 

Anne We savait par Gérard Bourgey que ces archives étaient à Berlin, que Gérard Couty les avait conservées. Ensemble, ils les trient, vérifient la nomenclature et expédient les masters à l’INA après avoir signé un contrat avec l’institution.

Anne We pensait que Frigo pouvait peut-être renaitre en retravaillant ces bases et en les prolongeant par une vision plus contemporaine. 

Elle est allée retrouver les uns et les autres pour les convaincre de recommencer ensemble et ils ont décidé de réunir des talents; les anciens et des plus jeunes, pour ne pas être une réunion de vieux combattants qui se raconteraient leur guerre mais pour transmettre un souffle,  une énergie, un style: une élégance alternative. » Anne We. Paris XII-MMXV

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Groupe

Une autre vérité sort du groupe. Une part d’inattendu que chaque individu attend. Passé le temps de l’art individuel? Certainement à cause du public. Avec le groupe, nous avons déjà le public. La dernière aventure (avant l’autre), passe par le groupe (virtual communities), individus conscients dans un espace réglementé par des règles changeantes. Que de fatigue et d´incompréhension – une utopie – notre travail créateur fût atypique.

Le groupe n’est pas la bande : l’adolescence est le temps de la bande, pleine de fausses valeurs; force, malice – la nuit des longs couteaux – se débarrasser du vieux passé collé à la peau.

Une groupe, soit plusieurs individus, qui amènent chacun dans leur tête: leur formation, leur propre travail, leur propre esthétisme, leur intérêt dans la vie. Se retrouvant pour mettre au milieu de la table de possibles ingrédients pour un travail commun. Après, il faut laisser agir les ingrédients en les regardant bien. Comme une réaction chimique on aperçoit des choses qui se rassemblent, des amis qui se trouvent et qui se tiennent la main, des solitaires qui ne touchent à rien d’autre. On n’aurait jamais cru que cette paire soit stable. Des lignes secrètes d´un magnétisme qui partagent l´ensemble en plusieurs parties. Le vrai travail, c´est d´être capable de voir ça. Les lois qui tiennent ensembles chaque partie donnée par son propriétaire sont soumises aux mêmes batailles. Ces parties se renforcent ou se déchirent ou flottent trop loin pour s´influencer. Le plus sérieux on est avec son propre travail, le plus tôt les lois ou les valeurs vont se montrer valables pour d´autres contenus étrangers comme un bon programme d´ordinateur, qui peut comprendre – importer (recevoir / déchiffrer) des informations de nombreuses sources différentes. Il y a bien sûr la possibilité d´influencer ce programme en changeant un petit détail, tout peut alors se regrouper autrement, en changeant de grosses parties, tout peut rester pareil.

Mais il y a des “pattern” qui reviendront, il y a un intérêt commun en plusieurs maquillages.

Le vrai travail, c’est le choix. L’art de la composition, la composition en tant qu’art.

Normalement ce n’est pas un tout seul, qui voit le premier l’image arriver. L’image est dans l’air, elle s’est créée, on l’attendait, elle venait de loin, et, tout d’un coup, elle est là. Il faut la voir, il faut l’avoir, c’est tout. Avec ce leitmotiv dans la main, chacun peut préparer l’événement.

“Everything you think is dilute; life is a killer”.

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Code Public

Frigo était parti sur les rails d’un travail “arty”, “super-clean, pourrions-nous dire. Ça gonflait, nous décidâmes de casser cette image d’art propret en créant Frigo-Code Pubic.

C’était le temps des géniales dilettantes, leurs musique ponctuait les journées sur “Bellevue”. Nous décidâmes de faire notre propre “pop-group”. Surtout, nous voulions tester le “life” et rester dans la subculture.

Nous créâmes Frigo-Code Public durant une fermeture-close. Premièrement pour casser la routine qui avait tendance à s’installer; Charles à la camera, Bourgey au graphisme…

Aussi avec la radio, nous étions devenus un énorme groupe, qui fallait manager mais motiver, enrichir, enfin retarder l’entropie en pratiquant une sorte de dynamique de groupe “artistique”… Re-mélanger, à la maoïste, les cartes; Bourgey au chant, Picq à la guitare… Par les 100 fleurs, casser ce putain groupe des 4 et cette volonté malsaine de rester dans le “truc qui marche”, la routine, les bonnes relations avec le milieu intellectuel.

Nous voulions pratiquer une dé-spécialisation active, nous nous méfiions du tiède, Code Public devait aussi nous permettre d’explorer d’autres routes que celles conduisant aux galeries-musées. Aller vers des formes plus marginales, plus directes, plus musicales et dilettantes, sans forcément passer par des choses construites ou définitives, un work-in-progress où nous montrerions mêmes les brouillons, les esquisses, les formes transitoires… et employer directement notre musique et nos vidéos…

Nous avions défini une trame conceptuelle autour des “plaisirs secrets de la morale en décadence”, 10 thèmes que nous traitions soit indépendamment, soit comme un tout.

Les 10 commandements

Chaque thème avait ses vidéos et ses musiques, ce qui nous permettait de reconstruire une trame narrative différente pour chaque performance. Sur cette trame, nous intercalions des improvisations ou d’autres performances

Code Public fonctionnait le plus souvent comme un pop-group, guitares, batterie, chants et video-beam, une camionnette rouge, Mike, Inka, Phylos, Néné et en route…

Il y aurait 1000 anecdotes a raconter sur les tournées Code Public….mais ce mini groupe pouvait se transformer en super-groupe, peut-être une trentaine de personnes pour “Studies on moral and entertainment” en comptant les pompiers et le conducteur du carterpillar. Là, carrément, nous faisions des “opéras”, sans pratiquement répéter, nous nous réunissions avec un frame-work, généralement un espace contraignant, fait containers et de passerelles englobant le public, de circulations d´actions, de projections de nos “video-tracks”, de constructions “live” de sculptures. Eric Hobjin foutait le feu à droite à gauche, Morales nous coiffait, Marc Moget faisait la lumière, Serge Boissat tronçonnait des bicyclettes avec Alain Garlan qui aussi fouettait l’eau, Couty, entre deux actions, mixait les images et les sons samplés, Jacques re-mixait le tout…

L’orchestre s’agrandissait alors démesurément; une deuxième basse (Petra Ilyes), une deuxième batterie (Frank Köllges), Colace à la trompette, Frank Stukowski à la guitare dérangée et “dérangeante”, Mike Jansen à l’accordéon, Diana Mavroleon au chant et à la clarinette et tant d’autres… tous ceux qui passaient un soir ou deux… la liste des guests “code public” est longue.

De ces différents brouillons sont sortis différentes formes de spectacles aboutis; “La tragédie du Rainbow-Warrior” au NL Centrum d’Amsterdam, les concerts du Frigo et du fort de Bron, l’architecture et l’environnement du Ponton à Linz

Tournées Code Public

Canada

Couty, Hentz, Pionchon, Vanderborght.

Un tour avait été organisé par Richard Matel, nous allions dans la campagne profonde québécoise, faire nos performances et des émissions de radio. Nous fîmes différents concerts, des performances dans des universités, des projections d’infermental au centre culturel français de Québec (confrontation Pal/Ntsc).

Nous voyagions avec un équipement minimum (caméra, guitare, tapes), improvisions chaque fois avec les moyens du bord (concert de voitures)…

Video-tracks

Dans notre tentative d’approcher un “art global”, nous décidâmes d’employer la vidéo comme un instrument musical. Nous travaillions depuis un certain temps sur l’adéquation son / image, couleurs / mouvements, nous adaptâmes les synchronismes trouver lors de l’editing de “Eau”, cette sorte de chose bizarre qui fait que tel son correspond parfaitement à telle image et inversement.

Nous testâmes nos video-tracks durant les “studies” à l’inauguration de la Grande Hall de la Villette.

Un video-track, c’était une super drum-machine, produisant aussi des images. Nous synchronisions nos actions sur les images projetées, les vidéos n’étaient pas uniquement employées comme des patterns décoratives mais étaient en résonance avec les actions ou les thèmes évoqués durant la performance. La vidéo devenait un autre instrument du groupe, elle était aussi la loupe permettant aux spectateurs d’avoir une vision macro sur certaines des actions, nous la scratchions aussi “live” durant d´autres parties…

 

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Mike A. Hentz, Gérard Couty, Gérard Bourgey, Charles Picq, Rotraut Pape aka Rodi, Christian Vanderborght, Alain Garlan, Bernadette Bonnet, Philippe Girard, Patrick Pierrot, Fabienne Théron, Marie Christine Vernay, Françoise Guedj, Margalit Licht, Jacques Bigot aka Charles De Gaulle, Inka Gecco, Anne Pionchon aka Anne We, Eric Hobjin, Petra Ilyes, Michael Jansen, Frank Köllges, Diana Mavroleon, Christian Morales, Stéphan Oreccioni, Michel Piet, Philippe Vorburger, René Sanglard aka Néné, Danielle Signer, Frank Stukowski, Paola Tacci, Karel Dudesek, Cécile Dumas, and Serge Boissat, Olivier Colace, Marie Girard, Robert Lapassade, Ali from Mali, Olivier and Christine Carrié aka CC, Emmanuel from Buretel, Marco DSL, Alain Manneval, Rachid Taha, André Serré and Robert Herrero, Françoise Benassy, Olivier Païssé, Yves Legoff, Cyril Deluermoz, Max and Tartine, Albert Agostino, Jean-Claude Chuzeville aka JCC, Arthur, Unwholesome Baby, Alain Manneval, Cyril Deluermoz, Philippe Demonet, Philippe Dibilio, Bernard Fromentin, Fred and Gaby Guedj, Franck Isaac, Malik, Alain Oddou aka Doc Bellevue, Bernard Pelosse, Jean Pénichon, TVB, Yvan Schneiderlin…

Berlin, 27 février 2014. GC: Traduction Elisabeth Heseltine